Poumon de Paris », le Bois de Vincennes est un refuge pour la faune et un terrain de jeu pour les Parisiens.
Bien que Paris ait été l’un des principaux instigateurs (et même l’hôte) des accords historiques sur le climat de décembre 2015, et qu’elle soit une championne notable des projets de reverdissement et des initiatives environnementales urbaines, la ville de Paris proprement dite possède en fait moins de parcs que presque toutes les autres métropoles européennes, avec seulement 6m2 par habitant – contre 25 à Berlin, 32 à Rome et l’impressionnante superficie de 45 m2 par habitant à Londres.
Ce fait explique probablement en grande partie pourquoi les Parisiens considèrent les deux vastes forêts qui bordent la capitale à l’est et à l’ouest – les soi-disant « poumons » de Paris – comme si importantes pour la vie en ville. Le Bois de Boulogne est le plus connu, mais le Bois de Vincennes est en fait le plus grand des deux, couvrant une superficie trois fois plus grande que le Central Park de New York. Il est aussi le plus bucolique ; ses bois et ses jardins, ses champs et ses lacs donnent aux visiteurs l’impression d’être quelque part loin de la ville, bien qu’il ne faille que 15 minutes pour atteindre ses portes depuis le centre de Paris.
Les Parisiens avides d’air frais et de calme affluent vers ce refuge boisé. Fermé aux voitures, sauf le long de quelques unes de ses grandes avenues, et jalonné de kilomètres de sentiers pédestres ombragés, le parc accueille 11 millions de visiteurs par an, pour faire du vélo, du bateau, de la pêche, du jogging, des promenades, des pique-niques et assister à des concerts en plein air. Pourtant, pour les touristes, curieusement, ce glorieux parc reste relativement méconnu.
Comme le Bois de Boulogne, son cousin occidental, ce terrain luxuriant à l’est de Paris, en bordure du XIIe arrondissement, a été aménagé au XIIe siècle comme un terrain de chasse royal. Son château fort du XIVe siècle, aujourd’hui la forteresse médiévale la mieux conservée de France, a été une résidence royale pendant 500 ans, et sa gracieuse Sainte-Chapelle – la jumelle cadette de Sainte-Chapelle sur l’île de la Cité – a abrité brièvement des reliques de la Vraie Croix. Ce n’est que lorsque Louis XIV a commencé à déplacer sa cour à Versailles dans les années 1660 que Vincennes, ainsi que l’autre demeure du roi – la plus mal aimée -, le Louvre, a renoncé à sa fonction royale.
D’illustres habitants
Après avoir abrité brièvement les premières manufactures de porcelaine de Sèvres, le château de Vincennes est transformé en prison, dont les habitants les plus illustres sont le philosophe des Lumières Denis Diderot, brièvement emprisonné pour ses écrits « hérétiques », et le marquis de Sade, qui y passe sept ans (sa cellule, n° 6, peut être visitée) à partir de 1777, avant d’être transféré à la tristement célèbre Bastille.
En 1917, Mata Hari, condamnée comme espionne allemande, fut emprisonnée dans le château et exécutée dans ses profondes douves, alors bien asséchées. Là aussi, vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Allemands ont assassiné 26 résistants et policiers dans les mêmes douves herbeuses et ont jeté leurs corps dans une fosse commune située à proximité. Bien que Louis XV ait ouvert le parc au public dans les années 1730, en aménageant certaines des allées verdoyantes qui sont encore utilisées aujourd’hui, le parc moderne a été créé dans les années 1860 sous Napoléon III.
Chargé de la refonte du paysage urbain de Paris, Georges-Eugène Haussmann a développé le Bois de Vincennes comme un lieu de loisirs pour les Parisiens, dans le « style britannique ». De larges boulevards sont creusés dans les bois de randonnée et trois terrains adjacents au parc sont annexés pour contourner les casernes militaires et créer les principaux lacs du Bois : Le lac Daumesnil, le lac de Saint-Mandé et le lac des Minimes.
Pourtant, si le parc aux multiples facettes porte de nombreuses traces de son histoire mouvementée, ce sont les événements culturels qui s’y sont déroulés qui ont le plus marqué la vie parisienne d’aujourd’hui. Le Bois de Vincennes a accueilli plus de la moitié des épreuves des Jeux olympiques d’été de 1900, dont une poignée de sports qui ont depuis été retirés des listes olympiques : le cricket, le croquet, le tir à la corde et les courses de ballons. Tous ces événements se sont déroulés au légendaire Vélodrome du Cipale, dont les tribunes récemment restaurées ont été conçues par nul autre que Gustave Eiffel.
Réouvert en 2015 après une rénovation majeure, La Cipale est toujours considéré comme le meilleur parcours cycliste d’Île-de-France, et ses nombreux supporters font pression pour que la piste retrouve son statut de ligne d’arrivée du Tour de France ; comme elle l’était entre 1968 et 1974. Le Bois de Vincennes est également en cours de préparation pour devenir un site clé pour les Jeux Olympiques de 2024.
Le cocktail et le dîner, accompagnés de sabots tonitruants et d’une vue sur les courses à l’hippodrome historique de Vincennes de Paris, où se déroulent plus de 1 000 courses de chevaux chaque année, est un des passe-temps favoris des parisiens. L’hippodrome, flanqué de l’arboretum, d’une ferme et d’un zoo pour enfants et de l’école d’horticulture et d’aménagement paysager de Paris, est accessible par le RER A (station Joinville-le-Pont).
Les visiteurs qui pénètrent dans le parc par la porte Dorée, dans le 12e arrondissement, apercevront les vestiges éblouissants de l’Exposition coloniale de Paris de 1931, l’événement qui a laissé la marque la plus indélébile sur le site. Pièce maîtresse de cette prestigieuse manifestation, le Palais de la Porte Dorée est un joyau Art Déco décoré de superbes bas-reliefs représentant des scènes des nombreuses colonies françaises, et abrite l’Aquarium Tropical du Palais de la Porte Dorée. En 1960, le bâtiment est devenu le Musée d’art africain et océanien, dont l’importante collection a servi de base au Musée du Quai Branly lors de son ouverture en 2006. Il abrite aujourd’hui le Musée national de l’histoire de l’immigration, ainsi que l’aquarium sombre et peu fréquenté – un lieu magique à visiter et apprécié par des générations d’enfants parisiens.
L’héritage de 1931 est tout aussi magnifiquement, bien que de façon quelque peu incongrue, conservé dans l’extraordinaire Grande Pagode, l’un des principaux temples bouddhistes d’Europe, célèbre pour son Bouddha d’or de 30 pieds de haut (contenant des reliques du Bouddha historique). Logé dans les anciens pavillons du Cameroun et du Togo, le temple se distingue par un toit conique en ardoise de style africain et est ouvert au public lors des fêtes bouddhistes.
Jardins botaniques
Le Parc Floral de Paris, l’un des quatre jardins botaniques de la capitale, et de loin le plus grand, est aussi le plus beau. Parmi ses 86 hectares de collines, de champs herbeux, de bois et de jardins floraux, on trouve des pavillons de bonsaïs et de cactus, une maison des papillons et une bibliothèque pour enfants, et des dizaines de jardins spécialisés : un jardin d’herbes médicinales, des parterres de fougères exotiques, un jardin d’hiver qui fleurit toute l’année et un rucher.
Au printemps, des centaines d’azalées et de rhododendrons fleurissent sous les grands pins parasols. Des parterres spéciaux accueillent la plus grande exposition de tulipes de Paris au printemps et une exposition de dahlias en automne. À l’extrémité du parc, une vaste aire de jeux propose des toboggans, des balançoires, un trajet en train, des escalades à la corde et des structures de jeu, ainsi que le seul parc d’aventure accrobranche à la cime des arbres de Paris.
Les mélomanes affluent au Parc Floral en été pour le prestigieux Paris Jazz Festival, qui se tient dans l’amphithéâtre en plein air. Le festival se déroule pendant six week-ends en juin et juillet et accueille les meilleurs musiciens de jazz du monde. Dans la foulée du festival de jazz, les amateurs de musique classique peuvent s’emparer d’une couverture et d’un pique-nique pour se détendre au rythme du Classique au Vert, le festival d’été de musique classique de Paris, qui se déroule du premier week-end d’août à la mi-septembre. (Si vous ne voulez pas pique-niquer, le Parc Floral vous propose deux cafés pour un déjeuner assis ou un thé dans l’après-midi).
Les chiens et les vélos ne sont pas autorisés dans le Parc Floral, et bien que pendant les mois d’été vous puissiez louer des charrettes à vélo pour quatre personnes maximum, il est préférable d’explorer à pied ses hectares de ruelles et de jardins verdoyants.
Un zoo spectaculaire
A proximité du lac Daumesnil, le Parc Zoologique de Paris, qui a rouvert ses portes en 2014 après rénovation, est peut-être le zoo le plus spectaculaire de France. Regroupés en cinq biozones – Madagascar, Guyane, Europe, Sahel-Soudan et Patagonie – une grande partie des 125 espèces d’animaux qui y sont représentées se promènent librement en plein air. Vous pourrez ainsi vous approcher des girafes, jaguars, loups, rhinocéros, morses et tortues de mer, ainsi que des oiseaux, reptiles et insectes exotiques. Entre les deux restaurants du zoo, les visiteurs ont le choix entre un déjeuner assis ou un sandwich rapide, une salade ou une pizza.
Le Bois de Vincennes est un paradis pour les promeneurs et les cyclistes : ses 1000 hectares de bois sont sillonnés par plus de 80 km de pistes cyclables et de sentiers pédestres, à travers les bois, autour des lacs, et vers ses nombreux jardins – dont les jardins à thème asiatique du Jardin d’Agronomie Tropicale à la limite est du parc, à côté du Lac des Minimes. Autre vestige de l’Exposition coloniale de 1931, il abrite encore, parmi ses pelouses et ses jardins, des ponts et des arches chinoises et quelques plantes exotiques transportées d’Asie.
Les stations de vélos en libre-service Vélib’ se trouvent dans le parc, côté Paris, à la Porte Dorée, à Vincennes près du château et dans le parc lui-même, à l’extrémité sud du lac Daumesnil. Si vous avez loué votre vélo dans le centre de Paris, vous pouvez suivre la Coulée Verte René-Dumont (également appelée Promenade Plantée) jusqu’à l’entrée du Bois à la Porte Dorée.
Le parc compte également plus de huit kilomètres de ruisseaux et il est possible de louer des bateaux sur le lac Daumesnil et le lac des Minimes. Les deux îles du lac Daumesnil – l’île de Reuilly et l’île de Bercy – sont reliées au parc principal par un pont sur la rive sud du lac et sont agréables à explorer, avec un charmant temple de style classique à visiter et un café pour se détendre. La construction d’une zone de baignade et d’une plage au lac Daumesnil est en cours et devrait ouvrir au printemps prochain.
Situé dans une zone plus sauvage au nord-est de la forêt, le lac des Minimes englobe trois petites réserves naturelles insulaires. Bien qu’elles soient accessibles par bateau, elles sont toutes densément boisées et le débarquement n’est pas encouragé. Vous pouvez cependant vous détendre au petit café en plein air situé au bord nord du lac après avoir profité des nombreux sentiers de randonnée et de vélo qui longent le lac dans les bois. C’est un lieu de prédilection pour les observateurs d’oiseaux, qui peuvent facilement apercevoir le majestueux héron cendré – le héron gris – et, s’ils ont beaucoup de chance, le plumage irisé d’un martin-pêcheur.
BOIS DE VINCENNES à savoir
POUR Y ARRIVER : Les entrées du parc depuis Paris se trouvent à la Porte Dorée (ligne de métro n° 8), le meilleur accès à l’aquarium du Palais de la Porte Dorée, au lac Daumesnil, à la Grande Pagode et au Parc Zoologique. Vous pouvez également y louer un vélo Vélib’ pour explorer le reste du parc. Pour voir le Château de Vincennes et le Parc Floral, prenez la ligne n°1 jusqu’à la station terminus, Château de Vincennes, qui se trouve devant le château. Le château peut être visité sept jours sur sept. Le Parc Floral est facilement accessible depuis la sortie arrière du château. Ou, si vous ne visitez pas le château, il est à environ 10 minutes à pied du métro.
Il y a plusieurs cafés et une station Vélib’ à la sortie du métro pour se ravitailler ou pour prendre un petit déjeuner ou un déjeuner rapide. Il y a également deux cafés dans le Parc Floral.